Tennis de table : quand la féminisation passe par l’emploi et les territoires

Avec son appel à projets « Jeu, Set & Féminisation », la Fédération Française de Tennis de Table, soutenue par l’Agence Nationale du Sport et le Crédit Mutuel, passe à l’action. Ce dispositif ne se résume pas à une campagne de sensibilisation,  il s’inscrit dans une stratégie structurante, pensée en deux temps. L’ambition est double, augmenter le nombre de pratiquantes, tout en posant les bases d’un encadrement professionnel et durable.

Plus qu’un sport, un lieu pour toutes

Le constat est simple, les femmes sont encore minoritaires dans le tennis de table, que ce soit comme pratiquantes, techniciennes ou dirigeantes. La FFTT, première fédération à avoir adopté le statut de « fédération à mission », veut faire de ses 3 200 entités locales des espaces d’égalité, d’accueil et de progression pour les filles et les femmes. « Avec le soutien déterminant du Crédit Mutuel et de l’ANS, nous franchissons une nouvelle étape dans notre politique de féminisation. Il s’agit d’un signal fort pour nos clubs, mais aussi pour toutes les femmes qui souhaitent trouver leur place dans le tennis de table, en tant que joueuses, encadrantes ou dirigeantes », déclare Gilles Erb, président de la FFTT. L’objectif n’est pas de faire grimper un pourcentage pour la forme, mais bien de transformer durablement la culture de ce sport. Plus qu’un enjeu sportif, c’est une ambition sociétale.

Une stratégie en deux volets complémentaires

Pilier 1 : consolider la base en misant sur les associations intermédiaires

La FFTT cible en priorité les cellules sportives de 50 à 150 licenciés. Ce choix n’est pas anodin car ces collectifs sont suffisamment implantés pour rayonner localement, mais souvent trop modestes pour lancer seuls des projets spécifiques. L’enjeu est d’ancrer la pratique féminine dans des territoires où le potentiel de développement est réel, mais où les moyens manquent. L’ambition affichée est donc bien de donner aux acteurs de terrain les moyens concrets d’accueillir et de fidéliser, création d’une équipe féminine, ouverture d’un créneau dédié, organisation de tournois pour les non-licenciées ou encore amélioration des vestiaires.

Pilier 2 : professionnaliser pour inspirer

Au-delà de la pratique, le programme mise sur la création d’emplois pour enclencher un véritable changement. Toutes les entités sportives, quelle que soit leur taille, peuvent bénéficier d’une aide à la création d’un emploi technique féminin (animatrice ou entraîneuse). Cette mesure vise à transformer un engagement souvent bénévole en un véritable projet professionnel. C’est une manière d’offrir des perspectives de carrière aux femmes, dans un milieu encore très masculin, et de poser les bases d’un encadrement plus stable et qualifié. 

Autre levier majeur : l’impact symbolique. En installant une femme à un poste technique clé, l’organisation envoie un message fort. Elle montre aux jeunes pratiquantes qu’une voie est possible, qu’il existe des modèles à suivre. Ce rôle de « role model » est essentiel pour faire naître des vocations. Enfin, le fait de salarier une femme renforce la pérennité des actions engagées. Un projet porté par une professionnelle a plus de chances de s’inscrire dans la durée qu’une initiative reposant uniquement sur le bénévolat. Éric Petitgand, directeur général de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, souligne « Favoriser la place des femmes dans l’organisation du sport et de la pratique sportive, c’est agir concrètement pour une société plus équitable […] Le Crédit Mutuel, en tant qu’entreprise à mission, s’engage pleinement aux côtés des clubs pour faire de l’égalité une réalité sur le terrain. 

un cercle vertueux au service de l’égalité

L’objectif est d’accompagner environ 65 collectifs d’ici 2026. Derrière ce chiffre se cache une ambition plus large, enclencher une dynamique positive. À court terme, les résultats seront visibles, davantage de créneaux féminins, des environnements plus accueillants, de nouveaux postes créés. À plus long terme, cette stratégie vise à faire émerger une génération de techniciennes, de dirigeantes et de joueuses inspirées. Le cercle vertueux est clair, plus de femmes dans les postes clés, c’est un environnement plus inclusif ; et un environnement plus inclusif attire plus de pratiquantes. Chaque initiative financée aujourd’hui est une graine plantée pour demain. « L’Agence Nationale du Sport se réjouit que cet appel à projets associant la FFTT et le Crédit Mutuel puisse voir le jour. Il souligne l’importance de continuer à apporter des solutions concrètes pour soutenir le développement du sport féminin sur l’ensemble du territoire », conclut Frédéric Sanaur, directeur général de l’ANS.

Le changement ne viendra pas d’en haut, mais du fond des salles, là où les vocations naissent. À chaque association d’écrire sa part du récit. L’appel à projets est ouvert jusqu’au 20 septembre 2025. Les structures intéressées peuvent candidater en ligne. Les premières aides seront versées dès le 15 octobre, une fois les projets lancés. L’enjeu est d’offrir aux acteurs locaux les moyens de transformer leurs idées en actions concrètes. Une opportunité unique de structurer l’accueil féminin et de construire l’avenir de la discipline sur des bases solides. Ensemble, faisons bouger les lignes. Le futur du tennis de table s’écrit avec vous. Et il s’écrit au féminin.